Des stratégies à faible risque pour vos actions.

Nous vous présentons ici trois types de stratégies à faible risque, soit les stratégies à faible volatilité, à bêta limité et à variance minimale.

Faible volatilité

Dans une stratégie à faible volatilité, l’investisseur sélectionne des actions dont les rendements sont moins volatils que ceux du marché, sur la base de l’écart-type. Si le marché affiche un rendement moyen de 5 % et un écart-type de 15 %, cela signifie que les deux tiers du temps environ, les rendements se situeront dans une fourchette comprise entre +20 % et -10 %, soit à un écart-type de part et d’autre du rendement moyen.

Les actions à faible volatilité sont généralement moins sensibles aux fluctuations des dépenses des consommateurs et des entreprises. Entrent par exemple dans cette catégorie les actions des secteurs des biens de consommation de base et des services publics. Ces entreprises affichant des revenus et des bénéfices relativement stables, leur action est habituellement moins volatile que le marché.

Bêta limité

Dans une stratégie à bêta limité, l’investisseur sélectionne des actions dont le bêta est inférieur à celui du marché. Le bêta mesure les fluctuations des actions par rapport à celles du marché. On entend par actions à bêta limité celles dont le bêta est inférieur à 1, et par actions à bêta élevé, celles dont le bêta est supérieur à 1 :

• Une action à bêta limité, dont le bêta serait de 0,5, fluctuera en principe deux fois moins que le marché, à la hausse comme à la baisse.
• Une action à bêta limité, dont le bêta serait de 1,5, fluctuera en principe 1,5 fois plus que le marché, à la hausse comme à la baisse.

Faible volatilité ou bêta limité

On pourrait penser qu’actions à bêta limité et à faible volatilité se recoupent, et c’est souvent le cas. Il y a toutefois des cas où ce ne l’est pas :

• Bêta limité, forte volatilité : les sociétés de services publics affichent souvent un bêta limité, mais leurs bénéfices peuvent fluctuer davantage en cas de modification de la réglementation ou de catastrophe naturelle.
• Bêta élevé, faible volatilité : les sociétés technologiques affichent souvent un bêta élevé, mais leurs bénéfices peuvent devenir plus stables sous l’effet de leurs revenus d’abonnement.

Les investisseurs calculent généralement le bêta et la volatilité sur plusieurs années, pour ne pas donner trop d’importance aux fluctuations ponctuelles. Le bêta évolue habituellement plus lentement que la volatilité, puisqu’il est rare que les sociétés qui sont moins corrélées au marché changent beaucoup avec le temps.

Variance minimale

Dans une stratégie de variance minimale, l’investisseur sélectionne les actions de manière à limiter au minimum les fluctuations de son portefeuille. Par exemple :

• L’entreprise A fabrique de la crème glacée. Elle vend beaucoup en été, mais peu le reste de l’année.
• L’entreprise B fabrique des parkas. Elle vend beaucoup en hiver, mais peu le reste de l’année.

Chacune des deux entreprises peut être très volatile en soi, mais la combinaison des deux actions pourra l’être moins que le marché. Cette stratégie est plus complexe que les deux précédentes, puisqu’elle dépend des interactions entre les groupes d’actions composant le portefeuille, lesquelles peuvent varier avec le temps.

Ces stratégies à faible risque ne sont pas complètement distinctes. Certains fonds dits à faible volatilité pourront par exemple également recourir à une stratégie de variance minimale.

Comparons maintenant les rendements enregistrés par ces différentes stratégies à faible risque en contexte de marchés haussiers et baissiers, en Amérique du Nord¹.

Marchés haussiers

Pour les marchés haussiers, nous prendrons l’exemple des 10 ans terminés le 31 mars 2025. La période a bien sûr été ponctuée de hauts et de bas, dont le krach pandémique de 2020 et la chute du secteur technologique de 2022. Mais, dans l’ensemble, le marché est resté orienté à la hausse, surtout aux États-Unis.

Au Canada, la stratégie à bêta limité a dominé à tous les niveaux. Son ratio d’encaissement des baisses est particulièrement remarquable². Il montre que, quand le marché a perdu du terrain, la stratégie à bêta limité n’a reproduit que 56 % du repli; ses hausses représentent à l’inverse 102 % de celles du marché³. Les titres à bêta élevé, comme ceux de l’énergie et de l’exploitation minière, ont par ailleurs déçu au cours de la même période, ce qui a contribué à l’avance des stratégies à bêta limité.

Aux États-Unis, la stratégie à bêta limité a fait moins bien que le marché. Elle s’est toutefois distinguée à deux égards : ses rendements ont moins fluctué et elle a enregistré un ratio d’encaissement des baisses moins élevé. Au cours de la période, les stratégies à bêta limité n’ont pas pu suivre le rythme du reste du marché, alimenté par l’envolée des actions des technologies.

Marchés baissiers avec reprise rapide

Pour les marchés baissiers, nous nous appuierons sur deux exemples récents : le krach pandémique de 2020 et la chute du secteur technologique de 2022. Ce sont des cas de figure très différents. En 2020, c’est tout le marché qui avait plongé, et l’ampleur des mesures de relance monétaire et budgétaire lui avait permis de se remettre rapidement sur pied. En 2022, en revanche, c’est le secteur américain des technologies qui s’était effondré; le marché canadien, lui, n’avait même pas enregistré de correction.

Au Canada, le résultat a été contrasté : les stratégies à bêta limité ont fait moins bien que le marché en 2020, mais elles l’ont surpassé en 2022, puisqu’elles ont perdu moins de terrain.

Aux États-Unis, la différence a été encore beaucoup plus marquée : les stratégies à bêta limité ont accusé un retard de 13 % sur le marché en 2020, mais elles l’ont devancé de plus de 20 % en 2022. Elles n’ont pas pu rivaliser avec le marché lors de la reprise alimentée par les mesures de relance en 2020, mais elles ont particulièrement bien résisté lors de la chute des technologiques de 2022.

Marchés baissiers avec reprise lente

L’exemple classique de marché baissier suivi d’une lente reprise est celui de l’éclatement de la bulle technologique de 2000/2002. Nous n’avons pas de rendements de fonds à faible risque à vous présenter pour cette période, mais les actions technologiques s’étaient durement effondrées, tandis que les entreprises stables, du type privilégié par Warren Buffett (à faible volatilité, de grande qualité et à dividendes, pour la plupart) ont extrêmement bien résisté. Avant cela, il y avait eu le marché baissier de 1973/1974, qui s’était lui aussi produit après un effondrement des actions de croissance, devenues très chères. C’est dans les cas de marchés baissiers suivi d’une reprise lente que les stratégies à faible risque donnent habituellement leur pleine mesure.

Pour conclure, nous vous présentons certains des effets des stratégies à faible risque sur les portefeuilles.

Avantages

• Aident les investisseurs à conserver leurs placements en actions lors des épisodes de forte volatilité, quand ils pourraient autrement être tentés de vendre.
• Sont utiles pour les investisseurs qui retirent des fonds de leur portefeuille. Les portefeuilles risquent de s’épuiser plus rapidement que prévu quand aux retraits habituels s’ajoutent des pertes majeures.
• Conviennent aux investisseurs qui misent sur des placements de base à moindre risque et se permettent de tester des occasions plus risquées dans d’autres compartiments de leur portefeuille.

Risques et limites

• Sont moins performantes que le marché dans les périodes de reprise rapide après un krach, quand il est généralement plus avantageux de reproduire la composition du marché que de miser sur des placements moins risqués.
• Ont tendance à se concentrer dans les secteurs défensifs, comme les biens de consommation de base, la santé et les services publics.
• Peuvent afficher des valorisations plus élevées, en raison de leur risque de baisse plus faible. Les investisseurs ont intérêt à vérifier si la différence de prix en vaut la peine.

Les stratégies à faible risque sont devenues populaires après les deux krachs boursiers des années 2000. Les plus connues sont les stratégies à faible volatilité, à bêta limité et à variance minimale.

Comme nous l’avons vu, les stratégies à faible risque perdent habituellement moins de terrain que les portefeuilles qui reproduisent la composition du marché lors des corrections ou des krachs boursiers.

Nous avons également constaté que les rendements des stratégies à faible risque pouvaient être supérieurs ou inférieurs à ceux du marché, selon la situation : 

• Pendant les 10 dernières années de marché haussier : les stratégies à faible risque ont enregistré des résultats contrastés, puisqu’elles ont devancé le marché au Canada, mais se sont laissé distancer aux États-Unis.
• Lors des marchés baissiers avec reprise rapide : les stratégies à faible risque ont fait moins bien que le marché lors du krach pandémique de 2020, mais mieux lors de l’effondrement des technologiques de 2022.
• Lors des marchés baissiers avec reprise progressive : les stratégies à faible risque donnent habituellement toute leur mesure lors des longues reprises. Elles ont par exemple donné d’excellents résultats lors du marché baissier de 1973/1974 et de l’éclatement de la bulle technologique de 2000/2002.

Les stratégies à faible risque peuvent jouer différents rôles dans un portefeuille : elles peuvent aider les investisseurs à conserver leurs placements en période de volatilité et à retirer de l’argent de leur portefeuille sans risquer d’épuiser leurs actifs, et compléter des stratégies à gestion active ou plus risquées. Il convient toutefois de connaître les risques et les limites de ces stratégies, qui peuvent par exemple faire moins bien que le marché en cas de brusque reprise, présenter certains biais sectoriels et se négocier à des valorisations plus élevées.

Les rendements présentés dans cette section sont fondés sur les résultats des fonds suivants : fonds canadien à bêta limité (ZLB), fonds du marché canadien (XIC), fonds américain à bêta limité (ZLU) et marché américain (ZSP). Les rendements à 10 ans sont annualisés. Données de Morningstar.

¹ Les rendements présentés dans cette section sont fondés sur les résultats des fonds suivants : fonds canadien à bêta limité (ZLB), fonds du marché canadien (XIC), fonds américain à bêta limité (ZLU) et marché américain (ZSP). Les rendements à 10 ans sont annualisés. Données de Morningstar.

² Plus le ratio d’encaissement des baisses est faible, mieux c’est. Si le marché s’effondre, préférez-vous que votre portefeuille reproduise entièrement le repli (ratio d’encaissement des baisses de 100 %) ou qu’il n’enregistre que la moitié de la baisse (ratio d’encaissement des baisses de 50 %)?

³ Normalement, le taux d’encaissement des hausses et des baisses du marché est de 100 %, puisque les hausses et les baisses sont mesurées par rapport au marché. Dans ces exemples, ils ne sont toutefois pas exactement de 100 %, en raison de la différence entre les indices de référence utilisés par Morningstar et les indices de marché suivis par les fonds.