Les relations entre les devises sont marquées par une grande quantité de facteurs. Ils incluent les taux d’intérêt, l’inflation, la politique budgétaire, la politique monétaire, les soldes commerciaux et des capitaux, ainsi que les événements imprévus comme les guerres commerciales, les conflits militaires et les chocs affectant les marchandises. Toutefois, aux fins du présent article, nous nous concentrons sur la cyclicité, c’est-à-dire, l’exposition des devises au cycle économique mondial1. La prise en considération de cette cyclicité peut aider les investisseurs à décider s’ils doivent accepter ou couvrir le risque de change. Le tableau ci-dessous illustre la cyclicité des devises. Nous divisons les devises en quatre groupes différents, en fonction de leur tendance évolutive en réponse au cycle économique mondial.
Table 1: Cyclicité des devises
Contre-cyclique |
Semi-cyclique |
Procyclique |
Super cyclique |
Yen japonais |
Livre sterling |
Dollar australien |
Réal brésilien |
Franc suisse |
Yuan chinois |
Dollar canadien |
Rouble russe |
Dollar américain |
Euro |
Dollar néo-zélandais |
Rand sud-africain |
Les devises contre-cycliques comme le yen japonais, le franc suisse et le dollar américain ont tendance à prendre la direction opposée du cycle économique mondial, en gagnant de la valeur en périodes de repli et en s’affaiblissant en périodes de reprise. En cas d’effondrement, par exemple, les investisseurs internationaux tendent à transférer leurs actifs vers des obligations du Trésor américain pour se mettre en sécurité, ce qui renforce le dollar américain. Les devises contre-cycliques sont celles de marchés industrialisés que les investisseurs perçoivent comme des refuges.
Les devises semi-cycliques comme la livre sterling, le yuan chinois et l’euro ne réagissent généralement pas fortement ni aux dégradations ni aux redressements du cycle économique mondial. La roupie indienne et le dollar de Singapour sont d’autres exemples de devises de ce groupe. Les devises semi-cycliques proviennent de marchés industrialisés ou de marchés émergents importants. Ce groupe inclut la plupart des devises des marchés industrialisés qui ne sont de toute évidence ni contre-cycliques ni procycliques.
Les devises procycliques, comme le dollar australien, le dollar canadien et le dollar néo-zélandais, ont tendance à évoluer dans la même direction que le cycle économique mondial, perdant de la valeur lors des replis, et gagnant en valeur lors des reprises. Les devises procycliques proviennent des marchés industrialisés qui dépendent fortement des ressources naturelles.
Les devises super cycliques, telles que le réal brésilien, le rouble russe et le rand sud-africain, tendent à évoluer dans la même direction que le cycle économique mondial, mais de manière plus marquée que les devises procycliques, en dégringolant lors des effondrements et en montant en flèche lors des reprises. Les devises super cycliques proviennent des marchés émergents2.
Ces devises se sont comportées différemment par le passé, mais continueront probablement d’évoluer au fil du temps. Par conséquent, il ne s’agit pas de règles immuables prédictives de l’évolution future des devises, mais plutôt de tendances au regard du comportement habituel des devises au cours des dernières décennies, en particulier en période de krach et de reprise de l’économie mondiale.