Transcription : Le ralentissement de la croissance : bon pour le Canada?

Durée : 02:29

Avery Shenfeld

économiste en chef, Marchés mondiaux CIBC

La bonne nouvelle, c’est que le Canada et les États-Unis sont presque au plein emploi. La mauvaise nouvelle, c’est que, bien sûr, cette situation commence à nécessiter un ralentissement de la croissance, car le maintien d’une croissance aussi rapide repose sur une augmentation du nombre de travailleurs dans la population active. De plus, la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine augmentent leurs taux d’intérêt sans vraiment affirmer qu’elles le font pour tenter de ralentir la croissance économique et pour ainsi éviter que nous ayons un problème avec l’inflation. En ce moment, les mesures de l’inflation de base que les banques centrales suivent sont à environ 2 pour cent. L’essence a propulsé l’inflation à la hausse, mais même les tendances sous-jacentes sont à ce niveau également. Et c’est l’objectif que les banques centrales poursuivent à long terme. Pour maintenir ce niveau, les économies américaine et canadienne devront ralentir leur croissance.

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Et l’emploi?

En effet, les occasions et les perspectives d’emploi connaîtront un ralentissement, mais le taux de chômage à l’heure actuelle est presque de 6 pour cent. Il s’agit du plus bas niveau depuis plusieurs décennies. Cela indique que nous avons un bon point de départ; l’objectif consiste en fait à maintenir le taux de chômage autour de ce niveau, au lieu de s’efforcer de le faire diminuer encore plus, ce qui aurait tendance à faire monter fortement le risque d’inflation.

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Moteurs de croissance aux États-Unis et au Canada

Une bonne partie de la croissance que nous observons de l’autre côté de la frontière est attribuable aux baisses d’impôt et à l’augmentation des dépenses du gouvernement américain, et nous savons que nous allons devoir en payer le prix. Nous avons contribué à l’augmentation du déficit aux États-Unis. L’an prochain, il dépassera un billion de dollars. D’ici 2020, nous allons commencer à perdre le rythme créé par cette seule vague de réductions d’impôt et de hausses des dépenses. Il se peut même très bien que le Congrès vote en faveur d’une réduction de la croissance des dépenses du gouvernement dans une certaine mesure pour gérer le déficit. Ici, au Canada, la vulnérabilité n’est pas vraiment imputable au gouvernement, mais plutôt au secteur privé, en particulier à ce que font les Canadiens. Nous empruntons et nous achetons des maisons et voitures. Nous commençons à voir les conséquences de la hausse des taux des prêts hypothécaires et du resserrement des règles les régissant sur l’appétit des Canadiens pour l’emprunt. Cette situation va contribuer un peu au ralentissement des dépenses de consommation notamment. Elle va aussi contribuer à ralentir le secteur du logement, qui est un moteur de croissance, comme nous commençons déjà à l’observer également. Dans quelle mesure pourrons-nous remédier à cette situation, avec les exportations notamment, si les États-Unis tentent de freiner leur propre croissance en resserrant leur politique budgétaire? Ce ne sera pas facile.

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