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Les taux augmentent, mais continuent d’afficher une faiblesse chronique 

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Pat O’Toole
Vice-président, Titres mondiaux à revenu fixe,
Gestion d’actifs CIBC

« Nous venons de voir que la Banque du Canada a commencé à relever ses taux d’intérêt et certains semblent penser qu’il s’agit là du début d’un cycle d’augmentation des taux. Je ne pense pas que la Banque s’engageait à quoi que ce soit. Elle n’a aucun intérêt à s’engager à une quelconque action pour le moment. En fait, elle ne fait que nous prévenir en disant : « Au fait, nous prévoyons toujours d’éliminer une partie des réductions de 50 points de base prises par mesure d’urgence en 2015 ». Je pense que la presse exagère le fait qu’il pourrait s’agir du début d’un cycle d’augmentation des taux d’intérêt. Et c’est ce qui inquiète les investisseurs, parce qu’ils se souviennent que lorsque la banque centrale avait augmenté les taux de trois, quatre ou cinq points de pourcentage, les taux obligataires avaient grimpé, rendant le marché obligataire désavantageux. Ce cycle est très différent, nous le savons tous. Les données ont été plus faibles et l’inflation plus basse. L’inflation est bien loin d’avoir atteint les prévisions des banques centrales qui, même si elle est inférieure au niveau cible, commencent doucement à relever les taux d’intérêt en espérant qu’elle reparte à la hausse. Selon nous, la banque devrait augmenter les taux encore une fois, probablement dans les six ou neuf prochains mois et peut-être qu’elle effectuera deux ou trois augmentations dans les 18 prochains mois, mais ce cycle sera très différent des cycles précédents. »

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Qui dit faible croissance, dit faibles taux

« Comme la Banque a commencé à augmenter les taux d’intérêt et qu’en général les taux préférentiels suivent, certains pensent que les taux préférentiels vont monter, monter et monter. Ce n’est pas si sûr. Nous pensons que les investisseurs devraient calmer leur enthousiasme, étant donné que le taux de croissance est beaucoup plus faible qu’auparavant. La question qui se pose donc est la suivante : « pourquoi la croissance est-elle inférieure? ». Cette baisse n’a rien d’étonnant. Nous aurions dû nous attendre à un recul par rapport aux niveaux d’il y a 10 ou 20 ans, car le taux de croissance de la population active a reculé. Nous avons tous entendu parler de l’évolution démographique. Les baby-boomers vieillissent, comme le montre le taux de croissance de la population active d’il y a 10 ou 20 ans. Notons qu’à la fin des années 70 et au début des années 80, il était de 2,5 %. Il a baissé à environ 0,6 %. Comment cela affecte-t-il la croissance? En fait, la croissance économique est soutenue par deux facteurs; l’augmentation du nombre de travailleurs, qui entraîne une augmentation du taux de croissance de la population active, ou l’augmentation de la productivité. Ces travailleurs produisent plus d’une année à l’autre, ou c’est une combinaison de ces deux facteurs qui fait augmenter la croissance. Vous remarquerez aussi que le PIB nominal suit la même évolution que le taux de croissance de la population active, avec un léger décalage. Nous prévoyons que cette tendance se poursuivra aussi, si bien que dans 10 ans la croissance du PIB nominal pourrait être inférieure à celle d’aujourd’hui. »

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Les taux obligataires suivent l’évolution du PIB

« Quel effet cela a-t-il sur les taux obligataires? On a toujours pensé que les taux des obligations d’État à long terme suivaient le PIB nominal et qu’ils oscillaient toujours au-dessus de leurs limites respectives. Cependant, nous voyons aujourd’hui que les taux obligataires sont inférieurs au PIB nominal. Ce qui n’a rien à voir avec les cycles antérieurs. Le prix des obligations et les taux obligataires sont différents des taux précédents. Nous sommes coincés dans une conjoncture de faibles taux. Ce qui signifie que les rendements sont plus faibles dans presque toutes les catégories d’actif et pas seulement pour les obligations. »

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Vers quels titres les investisseurs devraient-ils se tourner?

« Selon nous, les obligations de sociétés devraient continuer de surpasser les obligations d’État. Les taux des obligations d’État pourraient augmenter modérément tant que l’économie se porte bien et pourraient même être légèrement supérieurs aux moyennes dans un an environ. De plus, l’inflation devrait rester relativement stable, ce qui signifie que la banque centrale ici au Canada et la Réserve fédérale aux États-Unis ne devraient relever les taux d’intérêt que modérément, ce qui ne fera augmenter les taux obligataires que très marginalement. Globalement, nous pensons que le marché obligataire a déjà pris en compte les mesures que les banques centrales pourraient adopter dans les 12 prochains mois. Les taux des obligations d’État ne devraient donc pas augmenter de façon significative et les investisseurs devraient continuer à chercher des solutions de rechange aux obligations d’État pour augmenter les taux de rendement de leur portefeuille. À cet effet, les obligations de sociétés de qualité supérieure et à rendement élevé sont les meilleures options. C’est le cas depuis plusieurs années et cette stratégie devrait continuer de porter ses fruits. Nous vous recommandons donc de vous concentrer sur les portefeuilles qui surpondèrent les obligations de sociétés et n’incluent pas beaucoup d’obligations d’État – il n’y a rien de mal à avoir un peu de sécurité – ou d’opter pour des fonds d’obligations de sociétés uniquement qui offrent un bon mélange entre qualité supérieure et rendement élevé, pour essayer de maintenir les rendements et votre taux de rendement global à un niveau plus élevé que celui que vous pourriez obtenir avec des portefeuilles composés uniquement d’obligations d’État. »