Transcription : Les taux d’intérêt - Hausse ou baisse en 2019?

Durée : 2:45

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Avery Shenfeld
Économiste en chef
Marchés des capitaux CIBC

Actuellement, les marchés financiers sont surtout d’avis que la Réserve fédérale des États-Unis et la Banque du Canada ne vont plus du tout augmenter les taux d’intérêt. Nous pensons qu’il n’est pas impossible que les deux banques centrales majorent encore les taux d’un quart de point avant la fin de l’année. Dans le cas, par exemple, où l’on assisterait à une reprise de la croissance vers le milieu de l’année, elles pourraient interpréter, à tort ou à raison, cette croissance comme le signe de la fin du ralentissement que nous connaissons actuellement. Nous pensons que si la Réserve fédérale augmentait ses taux, elle pourrait devoir les réduire d’ici 2020,  et que si la Banque du Canada les relevait encore une fois cette année, ce serait probablement la dernière. Selon moi, tant que les deux banques centrales pensent qu’elles peuvent encore hausser leurs taux, elles risquent d’interpréter à tort un ou deux trimestres positifs comme un signe qu’elles doivent agir. 

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Que signifie l’aplatissement de la courbe des rendements?

Les investisseurs considèrent souvent qu’une courbe des rendements très plate signifie qu’une récession approche. De fait, historiquement, quand les taux de rendement des obligations à 2 ans étaient supérieurs à ceux des obligations à 10 ans, c’était un bon signe qu’une récession allait suivre l’année ou les deux années suivantes. Je ne pense pas que ce soit aussi grave aujourd’hui, en partie parce que les taux de rendement des obligations à 10 ans sont inhabituellement bas; et, à mon avis, de façon permanente. Les investisseurs n’ont plus peur de voir l’inflation repartir une nouvelle fois à la hausse et ils n’exigent donc plus la même prime pour immobiliser leur argent pendant 10 ans. On ne peut donc pas interpréter la pente des taux de rendement des obligations à 2 et à 10 ans de cette année comme on le faisait, par exemple, dans les années 1970 ou 1980 ou même au début des années 1990, lorsque les investisseurs avaient encore en mémoire des périodes de forte inflation.

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L’impact de la faiblesse des taux sur les investisseurs

Une des conséquences de ce fort aplatissement de la courbe des rendements et des taux relativement peu élevés est qu’il est difficile pour les investisseurs de gagner beaucoup d’argent sur des actifs à revenu fixe. Ces dernières années, certains ont été tentés – avec succès pendant une partie de la période – de privilégier des titres de créance de qualité inférieure, particulièrement sur le marché des obligations à rendement élevé. Cependant, je pense que nous arrivons à un moment dans le cycle économique où l’on doit être un peu plus prudent à cet égard. Nous assistons à un ralentissement de la croissance économique à l’échelle mondiale. Cela ne présage pas nécessairement une vague de faillites, mais cela pourrait signifier une augmentation des craintes du marché financier face à cette éventualité et, par conséquent, une légère baisse du rendement de ces titres de créance qualité inférieure. On peut donc toujours détenir des obligations de sociétés, mais il faut peut-être réfléchir au moyen d’améliorer la qualité du crédit de ces obligations, même si l’on doit sacrifier une part de rendement au cours du processus.