Combien de temps durent les marchés haussiers?

Vive le marché haussier! Les entreprises se développent, les consommateurs dépensent et les investisseurs ont confiance en l’avenir. En règle générale, les marchés boursiers haussiers sont définis comme affichant une hausse de 20 % par rapport à un creux précédent, tout comme les marchés baissiers sont définis comme affichant une baisse de 20 % par rapport à un sommet précédent. Bien que les investisseurs puissent se plaire à choisir des actions ou à explorer les derniers thèmes en matière de placement, ce qui fait une différence encore plus importante, c’est la tendance générale du marché boursier : haussière, baissière ou entre les deux. Et les taux d’intérêt sont probablement le facteur le plus important qui influence la tendance générale du marché boursier.

Dans le présent article, nous allons discuter des marchés boursiers haussiers, de leur durée et de la manière dont les taux d’intérêt les influencent. Nous conclurons avec quelques réflexions sur la façon dont les investisseurs peuvent s’adapter aux marchés haussiers et baissiers.

Sur la base des données publiées depuis 1949 aux États-Unis, on compte un total de 12 marchés haussiers, y compris le marché haussier actuel¹. Vous trouverez ci-dessous une ventilation de ces marchés :

Les marchés haussiers peuvent prendre fin de façon spectaculaire, comme lors de la flambée des prix du pétrole en 1973 et1974 ou lors de la pandémie mondiale en 2020. Toutefois, il est plus fréquent que les marchés haussiers prennent fin progressivement, en raison de la hausse des taux d’intérêt. Comment cela se passe-t-il? Les consommateurs se sentent riches en raison de la hausse de leurs revenus, ainsi que de leurs gains boursiers et de l’augmentation du prix des maisons. Cela les incite à dépenser plus, souvent en utilisant des instruments de crédit ou en contractant d’autres dettes. Pour répondre à cette demande, les entreprises développent leurs activités et embauchent plus de personnel, donnant lieu à une pénurie de main-d’œuvre qui se traduit par une hausse des salaires. Cependant, les efforts supplémentaires des entreprises n’augmentent généralement pas la production suffisamment pour répondre à la demande, puis l’économie se retrouve avec « trop d’argent pour trop peu de biens ». Il en résulte une inflation, soit une augmentation des prix des biens de consommation et des services.

À ce stade, les banques centrales comme la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine commencent à s’inquiéter. Elles sont censées maintenir l’inflation à un niveau bas et stable, généralement dans une fourchette de 1 % à 3 %, de sorte qu’elles commencent à augmenter les taux d’intérêt pour freiner l’inflation. Lorsqu’elles augmentent les taux, les entreprises ont tendance à emprunter moins, à réduire leurs plans d’expansion et à suspendre l’embauche ou à réduire le nombre d’employés. En conséquence, cela réduit les dépenses de consommation, ralentit le marché du logement et freine la confiance, ce qui diminue le niveau d’activité économique. Les investisseurs sur le marché boursier s’attendent de plus en plus à un ralentissement ou à une récession, ce qui signifie que de nombreuses entreprises vivront des temps difficiles. Ainsi, les investisseurs commencent à vendre des actions.

Il arrive souvent qu’une hausse des taux mette fin aux marchés haussiers, plus que des taux élevés. De 1995 à 2000, les taux d’intérêt aux États-Unis étaient relativement élevés, de l’ordre de 5 % à 6 %. Cela n’a pas empêché les actions du secteur technologique de connaître une énorme hausse. Pourtant, à la fin de 2022, les actions se sont effondrées alors que les taux étaient d’environ 4 % seulement, un niveau assez moyen par rapport aux normes historiques. Le problème était que les taux avaient grimpé en flèche depuis le début de l’année, un moment où ils étaient presque nuls.

Les banques centrales réduisent généralement les taux en une série de baisses ou lors d’un cycle, imposant de trois à six réductions de taux ou plus, souvent sur une année ou plus. Les baisses plus tôt dans le cycle peuvent entraîner un marché boursier haussier ou baissier, tandis que les baisses plus tardives ont tendance à entraîner un marché baissier.

Le fait que les baisses plus tôt dans le cycle donnent lieu à un marché haussier ou baissier dépend de la situation économique et de la capacité de la banque centrale à bien interpréter l’économie. Si l’économie affiche encore une marge de manœuvre, mais qu’elle a simplement besoin de ralentir légèrement, il s’agit de « couper dans la vigueur », avec une certaine probabilité que le cycle économique se prolonge. Cependant, si les investisseurs estiment que la banque centrale accuse un retard et que l’économie est déjà proche de la récession, il s’agit de « couper dans la faiblesse ». Les réductions de taux de la Réserve fédérale de 2007 et de 2022, par exemple, étaient des coupures dans la faiblesse; le marché a commencé à vendre les actions immédiatement.

Les réductions qui surviennent plus tard dans un cycle entraînent généralement un marché baissier. Les réductions initiales sont souvent du type « trop peu, trop tard ». Bien que les réductions qui surviennent plus tard dans le cycle soient destinées à continuer de stimuler l’économie, le risque de ralentissement ou de récession l’emporte souvent sur leur effet sur le marché boursier, ce qui signifie généralement que les bénéfices des entreprises et les cours des actions faiblissent.

La hausse des taux d’intérêt peut mettre fin aux marchés haussiers, tandis que la baisse des taux d’intérêt peut avoir un effet mitigé. Il est important de comprendre le contexte économique lié aux hausses ou aux baisses de taux. Pour ce faire, nous vous recommandons de suivre les rapports du Service des études économiques CIBC. Les enjeux peuvent sembler importants pour les investisseurs, en comparant une année de forte hausse de 10 %, 20 % ou 30 % à une année de baisse de 20 % ou même une baisse encore plus importante. Que doivent faire les investisseurs face aux marchés haussiers et baissiers? Une chose est probable : il est très difficile d’anticiper les fluctuations du marché, d’investir uniquement dans les marchés haussiers et de rester à l’écart dans les marchés baissiers.

Voici quatre façons de s’adapter aux marchés haussiers et baissiers, tout en évitant les extrêmes liés à l’anticipation des fluctuations du marché :

Restez calme et poursuivez vos activités

Vous pouvez rester calme parce que vous avez constitué un portefeuille diversifié qui est conforme à vos objectifs et à votre tolérance au risque, en fonction des pertes réalistes que vous pourriez subir lors des marchés baissiers. En ayant mis en place une stratégie à long terme, il est possible que vous n’ayez pas besoin de modifier beaucoup votre portefeuille.

Modifiez légèrement la composition de l’actif

Vous ressentez le besoin de modifier vos placements? Pensez à modifier légèrement votre portefeuille plutôt que d’y apporter d’énormes changements. Supposons que vous investissez à long terme et que votre répartition en actions représente de 60 % à 80 % de votre portefeuille. Si vous croyez qu’un marché baissier est probable, vous pourriez glisser vers le bas de votre fourchette au lieu de vendre pour quitter le marché.

Modifiez légèrement vos stratégies de placement

Vous pouvez également effectuer de légères modifications dans vos stratégies de placement. Supposons que votre portefeuille comporte une partie axée sur la croissance avec des actions du secteur de la technologie, une partie axée sur le marché avec un fonds indiciel général et une partie défensive, avec des actions versant des dividendes. Si vous croyez qu’un marché baissier est imminent, vous pourriez réduire la partie de votre portefeuille liée à la croissance, tout en étoffant la partie liée au marché ou la partie défensive de votre portefeuille. Cela vous permet de conserver vos placements, mais potentiellement à moindre risque, sans renoncer à votre portefeuille.

Ajustez vos cotisations

Vous versez peut-être un montant régulier dans vos placements, par exemple 250 $ toutes les deux semaines pour profiter des achats périodiques par sommes fixes. Une fois qu’un marché baissier survient, vous pourriez maintenir ou même augmenter vos cotisations périodiques afin d’acheter des titres à des cours inférieurs. Le fait d’augmenter vos cotisations lors des creux du marché est probablement plus efficace que de réduire vos cotisations lors des sommets du marché, car les marchés haussiers peuvent parfois durer 10 ans ou plus, tandis que les marchés baissiers sont souvent de beaucoup plus courte durée.

Pour les investisseurs à long terme qui pourraient s’inquiéter d’un marché baissier, nous soulignons l’importance d’apporter de légères modifications plutôt que de renoncer complètement au marché. Comme l’a observé le grand investisseur Peter Lynch : « Les investisseurs qui se préparent à des corrections ou qui tentent d’anticiper des corrections ont perdu beaucoup plus d’argent que les pertes liées aux corrections elles-mêmes. »

• Les marchés haussiers aux États-Unis durent généralement environ cinq ans, mais ils peuvent durer dix ans ou plus.
• La hausse des taux d’intérêt, nécessaire pour freiner l’inflation, est généralement ce qui met fin aux marchés haussiers. De plus, la hausse des taux est plus importante que des taux élevés.
• La baisse des taux d’intérêt peut avoir des effets variés sur les marchés haussiers. Les baisses qui surviennent plus tôt dans un cycle peuvent entraîner un marché haussier ou baissier, selon la vigueur de l’économie. Les baisses qui surviennent plus tard dans un cycle ont tendance à entraîner un marché baissier, car la relance induite par la baisse des taux est annulée par le risque de ralentissement ou de récession, ce qui constitue généralement une période difficile pour de nombreuses entreprises.
• Les investisseurs disposent de nombreuses façons de s’adapter aux marchés haussiers et baissiers, tout en évitant les extrêmes liés à l’anticipation des fluctuations du marché. Les approches possibles consistent à conserver ses placements, avec une répartition de l’actif appropriée, à modifier légèrement la répartition de l’actif, à modifier légèrement votre stratégie de placement ou à ajuster vos cotisations.