Marchés EAEO : Stratégies régionales et nationales
Découvrez comment obtenir une exposition internationale grâce à un seul fonds EAEO, à deux fonds EAEO régionaux ou à une sélection de fonds dans un seul pays.
Pro-Investisseurs CIBC
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Les placements en actions internationales peuvent aider les investisseurs canadiens à diversifier leurs portefeuilles et à investir dans un plus grand nombre de pays, de devises et de secteurs que ce qu’ils obtiennent habituellement dans un panier d’actions américaines et canadiennes.
La façon la plus simple de détenir des actions internationales pour les investisseurs canadiens est d’adopter une stratégie passive comportant un seul FNB ou fonds commun de placement. Cette approche permet de toucher à des centaines d’actions de 21 pays développés à l’extérieur de l’Amérique du Nord. Ce marché, couramment appelé EAEO, représente l’Europe, l’Australasie et l’Extrême-Orient.
Si les investisseurs sont convaincus que certaines régions ou certains pays afficheront un rendement supérieur, ils pourraient trouver qu’un seul fonds EAEO est trop vaste à leur goût. Dans ce cas, les investisseurs peuvent sélectionner des régions ou des pays en particulier. Dans le présent article, nous décrivons les stratégies régionales et nationales à suivre pour investir dans l’EAEO :
- La stratégie régionale est une approche active, mais minimaliste, dans laquelle vous détenez deux fonds indiciels pour couvrir les principales régions d’Europe et d’Asie-Pacifique.
- La stratégie par pays est une approche active, dans laquelle vous détenez une sélection de fonds indiciels liés à des pays précis. Cette stratégie permet de dégager un rendement nettement supérieur ou inférieur à celui de la stratégie passive consistant à détenir un seul fonds indiciel EAEO.
Au lieu de détenir un seul fonds indiciel EAEO, la stratégie régionale détient deux fonds régionaux, un pour l’Europe et un pour l’Asie-Pacifique. À l’heure actuelle, la pondération de ces deux régions est d’environ 60 % en Europe et de 40 % en Asie-Pacifique. Si les investisseurs ont plus ou moins confiance dans les perspectives de ces deux régions, ils peuvent ajuster les pondérations. Un exemple de stratégie régionale consiste à avoir une pondération égale pour chaque région. Cette stratégie régionale 50-50 repose sur trois hypothèses :
1) Pondérations semblables
L’Europe et l’Asie-Pacifique ont généralement maintenu des pondérations similaires dans l’EAEO à long terme1. La stratégie régionale serait très différente si une région était systématiquement beaucoup plus imposante que l’autre. Dans ce cas, une stratégie régionale 50-50 équivaudrait à une répartition active dans une région plutôt que dans l’autre.
2) Retour à la moyenne à long terme
L’Europe et l’Asie-Pacifique ont eu tendance à osciller sur le plan du rendement à long terme depuis 1970, mais ni l’une ni l’autre n’a été la plus performante chaque décennie. Il y a donc une occasion pour la région moins performante de revenir à son niveau de rendement moyen à long terme.
3) Rééquilibrage périodique
Les investisseurs doivent rééquilibrer leur portefeuille périodiquement pour profiter de tout avantage éventuel de la stratégie régionale. Grâce au rééquilibrage, les investisseurs réduisent l’exposition à la région dont les rendements récents sont plus solides et augmentent l’exposition à la région qui présente des rendements récents plus faibles en prévision d’un retour à la normale.
Les investisseurs qui recherchent une approche plus active peuvent aussi sélectionner un seul pays dans le marché de l’EAEO. Il existe actuellement 21 pays au sein de l’EAEO parmi lesquels vous pouvez choisir. Les investisseurs peuvent utiliser des stratégies semblables autant pour effectuer des recherches sur des pays que pour des actions individuelles. Nous examinerons ici trois stratégies : l’analyse fondamentale, de valorisation et technique.
Fondamentale
Une de ces stratégies consiste à choisir les pays selon des paramètres fondamentaux. Pour les pays, il faut donc regarder comment se porte l’économie. Il s’avère que la corrélation entre la croissance du PIB (produit intérieur brut) et le rendement du marché boursier est incertaine et peut même être négative2. Bien que la croissance du PIB se reflète souvent en bénéfices globaux, elle ne se traduit pas aussi fréquemment en croissance du BPA (bénéfice par action), et celle-ci n’est pas non plus garante d’une hausse des cours boursiers. Plusieurs facteurs expliquent cela, notamment :
- Une part importante de la croissance du PIB provient de nouvelles sociétés que les investisseurs actuels ne possèdent peut-être pas, ce qui peut diluer les rendements boursiers de ces investisseurs par rapport à la croissance du PIB. Cela dilue donc les rendements globaux des actions par rapport à la croissance du PIB.
- La croissance du PIB a tendance à dépendre de la situation dans le pays, tandis que le rendement du marché boursier a tendance à dépendre de la conjoncture mondiale3.
Conclusion : Le PIB pourrait être un plus utile en tant que signal négatif que signal positif. Un niveau faible ou en baisse de la croissance du PIB peut ne pas être de bon augure pour les investisseurs, mais un niveau élevé de croissance prévue du PIB en dit peu, voire rien du tout, sur le rendement probable du marché boursier d’un pays.
Valorisation
Une deuxième stratégie consiste à sélectionner les pays en fonction de leur valorisation. Le ratio cours-bénéfice de Shiller également connu sous le nom de CAPE ratio (Cyclically Adjusted Price-to-Earnings ratio) en anglais mesure les bénéfices ajustés à l’inflation sur une période de 10 ans afin de vérifier où les prix se situent par rapport à la tendance des bénéfices sur un cycle économique complet. Ce ratio a prouvé sa grande efficacité dans la valorisation à long terme des marchés boursiers. Toutefois, il est beaucoup moins efficace pour indiquer aux investisseurs le moment précis d’acheter et de vendre. Par exemple, le ratio cours-bénéfice de Shiller au Japon a atteint un niveau très élevé au milieu des années 19804. Si les investisseurs avaient vendu tout de suite, ils auraient manqué quatre autres années de gains remarquables. Les marchés boursiers peuvent résister à la gravité des bénéfices pendant longtemps, jusqu’à ce qu’ils reviennent un jour ou l’autre sur terre.
Conclusion : Utilisez le ratio cours-bénéfice de Shiller pour les valorisations à long terme, et non pour les décisions de négociation ou de placement à court terme.
Technique
Une troisième stratégie de sélection des pays est fondée sur les données techniques. Les FNB et les fonds communs de placement sont offerts dans un large éventail de pays, et les FNB cotés aux États-Unis offrent une sélection particulièrement vaste. Les investisseurs peuvent comparer les FNB de différents pays en fonction de facteurs comme la force relative ou le rendement excédentaire par rapport à un indice de référence boursier mondial. Des services de surveillance et de suivi du rendement des FNB mondiaux sont offerts. Par exemple, le palmarès mensuel des 10 meilleures idées de Marchés mondiaux CIBC, un rapport de recherche rédigé par Sid Mokhtari, comprend un classement technique des FNB mondiaux et une représentation du rendement sous forme de quadrants.
Conclusion : L’analyse technique des FNB mondiaux peut convenir aux investisseurs qui souhaitent gérer activement leur exposition à des pays en particulier. Toutefois, l’analyse technique n’inclut pas explicitement les facteurs économiques ou de valorisation.
Principaux points à retenir
Plusieurs stratégies sont à la disposition des investisseurs qui cherchent à effectuer des placements dans les actions internationales. Chaque stratégie implique un niveau d’activité et de confiance différent à l’égard des marchés internationaux :
Gestion passive
Fonds unique EAEO, qui offre une exposition diversifiée à des centaines d’actions dans 21 pays.
Gestion active minimale
Stratégie régionale, qui détient deux fonds indiciels à pondération égale : un pour l’Europe et un autre pour l’Asie-Pacifique. Les investisseurs pourraient réaliser des gains grâce au rééquilibrage, en supposant que les deux régions reviennent à leur rendement moyen à long terme.
Gestion active
Stratégie par pays, qui sélectionne chaque pays en fonction d’approches comme les stratégies fondamentales, de valorisation ou techniques. Cette stratégie est la plus susceptible de produire des rendements supérieurs ou inférieurs à ceux de la stratégie passive, selon les pays dans lesquels les placements sont effectués et la fréquence à laquelle ces pays sont en rotation dans leur portefeuille.
Pour choisir une stratégie appropriée d’actions internationales, les investisseurs pourraient vouloir déterminer la part de leur portefeuille à investir dans les actions de l’EAEO, à quel point ils veulent gérer activement leurs placements en actions et à quel point ils tiennent à mettre l’accent sur certaines régions ou certains pays.